TRIBUNE. « L’obscurantisme n’a jamais permis de refermer les plaies de l’Histoire »

TRIBUNE. « L’obscurantisme n’a jamais permis de refermer les plaies de l’Histoire »

Matthieu DUSSAUGE, Conservateur en chef du patrimoine

Retrouvez ici une tribune de Matthieu Dussauge, Conservateur en chef du patrimoine, ex-conservateur du musée départemental Victor Schœlcher. Il ne s’agit pas ici de « sauver le soldat Schœlcher », mais si « L’action politique de Schœlcher n’est pas exempte de critiques, on ne peut honnêtement nier son rôle dans le processus abolitionniste français. »

Les destructions coordonnées de deux statues représentant Victor Schœlcher en Martinique le 22 mai dernier s’inscrivent dans une suite d’actes, jusqu’à maintenant isolés, visant à une réécriture de l’histoire contemporaine des Antilles et singulièrement celle liée à l’esclavage et à son abolition. Cette histoire éminemment complexe est régulièrement l’objet de simplifications volontaires de la part de personnes qui cherchent à la transformer en un récit manichéen pour servir leurs projets. Or cette histoire, et c’est une de ses spécificités les plus sensibles, porte en elle des contradictions, des exceptions, des dérives, aussi puissants et récurrents que ceux qui traversent et façonnent la conscience humaine.

Victor Schœlcher occupe dans cette histoire une place tout à fait particulière. On lui a prêté et on lui prête encore, des intentions et des actes qui appartiennent souvent à la légende d’un homme dont l’image et le récit furent remodelés et détournés par la République pour servir ses propres fins après l’abolition de l’esclavage. Longtemps après la mort de Schœlcher en 1893, l’Etat français et les instances publiques locales, ont entretenu ce qui s’apparente parfois à un véritable culte schoelchérien, auquel la statuaire publique édifiée à Fort de France et à Schœlcher en Martinique, mais également à Basse-Terre en Guadeloupe ou à Cayenne en Guyane, a donné...

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