L'Iguane des Petites Antilles menacé de disparition
Notre iguane, très délicat comme chacun le sait, est désormais classé en « danger critique d'extinction » par l'Union internationale de conservation de la nature.
La partie n'est pas gagnée. En Martinique comme en Guadeloupe, la population d'Iguana delicatissima régresse rapidement (1). Espèce introduite, l'iguane commun, plus fort et plus compétitif, non seulement lui dispute son territoire, mais encore altère son patrimoine génétique. Les deux sauriens peuvent en effet s'accoupler, mais les rejetons hybrides perdent les caractéristiques de l'Iguana delicatissima.
Mais elles restent à la merci d'une submersion marine ou d'une introduction - accidentelle ou volontaire - d'iguanes communs. Ça n'est pas totalement improbable : c'est ce qui est survenu en 2016 à la Désirade, où Delicatissima est désormais menacé.
Cette levée autorise néanmoins des sessions de capture de cet envahisseur dans les zones les plus sensibles. Mais il est trop tard pour la Grande-Terre, Marie-Galante et Les Saintes d'où Delicatissima a totalement disparu.
(1) Il n'y a plus d'iguane delicatissima en Grande-Terre. Sur la Basse-Terre, on en trouve encore de Saint-Christophe (sud de Goyave) à la ravine du Grand Carbet, plage d'Anse à Sable à Pigeon, et plage de Cluny sur la côte Caraïbe. On en a également signalé au Morne Deshaies, à Fort-Royal et à l'îlet à Kahouanne.
Ces lézards étaient chassés et consommés par les premiers habitants amérindiens (de - 3 000 à - 500 ans) sans que cela n'ait eu d'effet détectable sur leurs populations.
En revanche, la comparaison avec ce que l'on connaît des iguanes actuels démontre que la majorité des populations s'est rapidement éteinte et a subi une réduction importante de taille après l'arrivée des Européens au XVIIe siècle.
« Ces nouveaux résultats démontrent que l'impact de l'Homme sur les Iguanes des Petites Antilles durant les derniers siècles a été plus sévère encore que ce que l'on supposait précédemment, indique le Muséum.
Ces données permettront d'adapter les politiques de sauvegarde des iguanes dans les Antilles et ainsi d'envisager le sauvetage de l'iguane endémique, actuellement en grand danger. »
Outre que les lieux envisageables ne sont pas légion - Kahouanne, où des spécimens ont été observés dans les années 1990, Fajou ? - il conviendrait d'abord d'analyser la faune et la flore de l'îlet choisi, afin d'estimer si une telle introduction ne risque pas de mettre en danger une espèce originelle, et si le site offre des possibilités de subsistance. Il faudrait aussi procéder à une éradication des éventuels prédateurs d'oeufs et de juvéniles, mangoustes et rats notamment. Et il faudrait en interdire l'accès à l'homme, le temps du moins que l'iguane implanté réussisse son installation.
À Petite-Terre, l'analyse de 240 excréments récoltés par des membres de l'AEVA amontré que les espèces les plus prisées sont le poirier, le mancenillier, l'amourette, le bois couleuvre et le bois noir, le mapou, le gaïac, le gommier rouge et le palétuvier gris.
L'alimentation varie avec les saisons.
Pendant le Carême, les iguanes consomment essentiellement des feuilles et durant la saison humide, ils mangent plus de fleurs et de fruits charnus. Comme l'iguane commun, Iguana delicatissima consommerait des carcasses, voire des oeufs, et pourrait être un carnivore opportuniste.