La transition énergétique en Martinique, c'est maintenant

La transition énergétique en Martinique, c'est maintenant

C. EVERARD
« La population sentira qu'elle doit changer ses comportements parce que ça va lui faire du bien » , a déclaré Ségolène Royal. ( J-M.E./France-Antilles)
« La population sentira qu'elle doit changer ses comportements parce que ça va lui faire du bien » , a déclaré Ségolène Royal. ( J-M.E./France-Antilles)

Un vent d'espoir a soufflé hier à l'Hôtel de Région. Peut-être va-t-il nourrir les énergies positives ? Dans un long discours très attendu, la ministre de l'Écologie Ségolène Royal a expliqué le plus sérieusement du monde que la Martinique allait devenir un modèle de transition énergétique pour l'outre-mer, la Caraïbe et la France. Des propos argumentés.

La Martinique est dépendante aujourd'hui à 97% des énergies fossiles. C'est parce qu'elle part d'aussi loin qu'elle représente un terrain de jeu idéal pour la transition énergétique. Et Ségolène Royal ne s'y est pas trompée.
Présente depuis samedi soir et terminant son périple aujourd'hui (une durée longue pour un ministre), la ministre de l'Écologie, du développement durable et de l'énergie a donné hier, à l'Hôtel de Région, sa vision de la transition énergétique aux Antilles, et partout.
La loi sur cette question doit être présentée à l'Assemblée nationale à la fin du mois. La Martinique est la première Région où la ministre se rend « pour faire accélérer la transition énergétique » .
Le timing semble aujourd'hui excellent pour notre île : plusieurs projets structurants (voir notre édition d'hier) sont en effet en passe d'être concrétisés après plusieurs années de travail, la loi à venir prendra en compte les outre-mer et la ministre connaît bien la Martinique.
Présente sur le terrain et sur tous les fronts, Ségolène Royal s'est largement exprimée sur le rôle de chacun dans cette transition.
Cela concerne par exemple les particuliers : « La population sentira qu'elle doit changer ses comportements parce que ça va lui faire du bien : faire progresser la santé publique, augmenter le pouvoir d'achat... S'il y a moins de déchets, moins d'épaves de voitures par exemple, il y aura moins de moustiques. C'est un cercle vertueux. »
Et elle étend sa vision jusqu'à Bruxelles : « Je suis convaincu que si la Martinique prend le flambeau du territoire qui va engager le plus rapidement possible la transition énergétique, avec la Guadeloupe, il va y avoir une demande des autres îles de la Caraïbe pour entrer dans le dispositif. Cela va nous inciter à mettre en place des circuits courts (c'est-à-dire la possibilité de coopération directe avec la Grande Caraïbe, NDLR), malgré les résistances. Je veux convaincre les autorités européennes que les circuits courts correspondent aux principes de précaution et de lutte contre le réchauffement climatique. L'Europe ne peut plus nous imposer un certain nombre de règles aux bilans carbone négatifs! »
Aujourd'hui, la ministre aborde la dernière ligne droite de sa visite en se rendant dans le grand nord (Sainte-Marie, Basse-Pointe) et en visitant en bateau ce que sera la future réserve marine régionale.
Une salle comble pour écouter la ministre. Tous les discours étaient visibles en direct sur le blog de la Région. ( J-M.E./France-Antilles)
Une salle comble pour écouter la ministre. Tous les discours étaient visibles en direct sur le blog de la Région. ( J-M.E./France-Antilles)
LA PHRASE de Serge Letchimy président de Région
(J-M.E./France-Antilles)
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« Nous sommes extrêmement heureux que Mme Ségolène Royal ait choisi la Martinique pour tenter de construire un nouveau modèle énergétique, donc un nouveau modèle économique, donc un nouveau modèle environnemental et donc un nouveau modèle sociétal. C'est à nous de saisir sa main » .
LA PHRASE de George Pau-Langevin ministre des Outre-mer
(J-M.E./France-Antilles)
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« Ces deux jours ont permis de donner une image de la Martinique tout à fait différente. Quand nous parlons avec les ultramarins et parfois des ultra-marins, on parle beaucoup de problèmes, de handicaps, de choses à rattraper.
Depuis deux jours, nous avons parlé d'innovations, d'atouts et de tout ce que la Martinique peut faire (et les outre-mer en général) pour être pionnière en termes d'énergies renouvelables » .
Les principaux points de son discours
- Son « soutien à l'objectif ambitieux de réduction de 25% de la consommation d'énergie en 2020 par rapport au scénario de référence. »
- Bâtiments : la mise en place du crédit d'impôt de 30% depuis hier sur l'installation de chauffe-eau solaires et l'isolation des toitures ; la mise en place des « premières plates-formes de rénovation énergétique, qui apporteront une aide technique et des solutions de financement aux particuliers pour les travaux de performances énergétiques des logements » .
-Transports : développement des bornes de charge des véhicules électriques (avec adaptation aux zones insulaires) ; possibilité depuis la 1er août de financer des actions d'économie d'énergie et de stockage grâce à la CSPE (contribution au service public de l'électricité), par exemple les ampoules à très basse consommation ou des dispositifs d'économie d'eau chaude.
- Mix énergétique : diversification par le solaire (lancement d'un appel d'offres pour les puissances supérieures à 100 kilowatts crête), la géothermie (plusieurs projets en cours), la biomasse (projet bagasse-biomasse), l'éolien, l'énergie thermique des mers et la valorisation énergétique des déchets.
- Électricité renouvelable : développer la vraie autoconsommation et autoproduction , pour que l'énergie intermittente puisse être consommée sur place à l'échelle d'un bâtiment ou d'un quartier ; démarche « territoire à énergie positive pour la croissance verte » : il s'agit de mettre en place une approche intégrée de tous les enjeux essentiels de la transition énergétique et écologique en termes de performance énergétique, mobilité propre, maîtrise de la consommation et préservation de la qualité de l'eau, amélioration de la qualité de l'air, etc.
Ségolène Royal ministre de l'Écologie
« Pourquoi ne pas viser 100% de l'éclairage urbain solaire en 2020 ? »
REPÈRES
Des sources de financement multiples
Ségolène Royal a listé les principaux financements des dispositifs entrant dans le cadre de la transition énergétique.
- Création d'un fonds mis en place par la Caisse des dépôts et consignation de 5 milliards d'euros sous forme de prêts bonifiés pour des actions de transition écologique menées par les collectivités
- Prêts de la banque publique d'investissement aux PME afin d'améliorer leurs performances énergétiques.
- Crédit d'impôt pour les travaux d'amélioration de la performance énergétique des bâtiments et relance du crédit d'impôt développement durable
- Relance du prêt à taux 0
- Doublement du fonds chaleur (projets de méthanisation)
- Financement des programmes d'investissement d'avenir (géothermie par exemple)
Pas de ministre de l'Écologie depuis 13 ans
De mémoire de toutes les personnes présentes sur la trajectoire de Ségolène Royal, la dernière ministre de l'Écologie à s'être déplacée en Martinique serait Dominique Voynet, sous Jacques Chirac, dans le gouvernement de Lionel Jospin. C'était en février 2001!
Développement prochain de la voiture électrique ?
Durant son séjour, Ségolène Royal a évoqué la proposition du groupe Bolloré d'expérimenter en Martinique un système de stockage intelligent de l'énergie solaire produite par des panneaux photovoltaïques, avec un équipement de recharge pour bus et véhicule électrique. « C'est une opportunité à saisir » , a déclaré la ministre.
(Jean-Marc Etifier/France-Antilles)
(Jean-Marc Etifier/France-Antilles)

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