« J'avais l'impression d'être un objet pour lui »
ASSISES

« J'avais l'impression d'être un objet pour lui »

H.Br.
« J'en avais marre de cette relation, je me disais que j'allais arrêter. Il pouvait rester cinq jours sans venir me voir et puis revenait, me disait je t'aime » , raconte Marie-Jeanne Hildéral. (Croquis d'audience Fulvio Julvécourt / France Antilles)
« J'en avais marre de cette relation, je me disais que j'allais arrêter. Il pouvait rester cinq jours sans venir me voir et puis revenait, me disait je t'aime » , raconte Marie-Jeanne Hildéral. (Croquis d'audience Fulvio Julvécourt / France Antilles)

Au second jour de son procès, Marie-Jeanne Hildéral a difficilement expliqué à la barre les motivations de son geste. La femme, qui se sentait délaissée, n'entendait plus partager Pierre Antilly avec sa femme et ses autres maîtresses.

Hier après-midi, pendant plus de 2 heures, Marie-Jeanne Hildéral s'est retrouvée sous le feu des questions de la présidente de la cour d'assises.
Devant une salle d'audience archi-comble, l'accusée s'est avancée à la barre pour raconter les faits du 28 novembre 2011, jour où elle a donné 21 coups de couteau à sa victime.
Elle raconte cette rencontre fortuite avec Pierre Antilly, le 1er décembre 2009. Ce jour-là, le chef d'entreprise de 45 ans l'avait « embarquée » alors qu'elle faisait de l'auto-stop au bord de la route. Elle dit qu'elle s'est sentie tout de suite en confiance avec lui.
« Il m'a plu... Je savais qu'il était marié, il m'a dit qu'il n'avait plus de rapports avec sa femme. Il venait chez moi très tôt le matin, m'emmenait sur les chantiers avec lui, a commencé à payer mon loyer, à m'acheter des courses... »
L'accusée affirme que Pierre Antilly connaissait son passé. Une idylle qui selon ses dires va connaître ces premiers accrocs à la fin de l'année 2010.
« Il pouvait ne pas donner de nouvelles pendant cinq jours... et puis revenait, me disait je t'aime, je ne vais pas te laisser. Je ne comprenais pas, c'était brutal » . Les larmes aux yeux, Marie-Jeanne Hildéral raconte ses longues attentes durant lesquelles l'être aimé va se montrer de plus en plus distant.
« Il a commencé à avoir un rapport sexuel avec moi, sans préliminaires. Il s'est arrêté et a décidé d'aller prendre sa douche. J'avais l'impression d'être un objet pour lui » , explique Marie-Jeanne Hildéral lorsqu'elle évoque ce 28 novembre 2011 où tout a basculé.
« Vous ne lui avez pas fait savoir que vous n'étiez pas d'accord ? » demande la présidente de la cour d'assises.
« Il m'a dit qu'il était fatigué » répond Marie-Jeanne Hildéral.
LE DOULOUREUX RÉCIT MEURTRIER
La cour tente alors de déterminer le déroulement des faits. On apprend qu'elle profite du fait que Pierre Antilly se trouve sous la douche pour écraser des somnifères dans la sauce béchamel qu'il doit manger. Il y a aussi le scotch qu'elle cherche à lui appliquer une fois qu'il s'est assoupi. Et ces coups de couteau portés à la victime. Elle se souvient avoir donné 3 coups tandis que le rapport du médecin légiste révèle 21 coups de couteau.
Sur le banc de la partie civile, les déclarations de Marie-Jeanne Hildéral deviennent insoutenables. L'épouse de la victime et l'une de ses filles s'effondrent en larmes et quittent la salle d'audience.
L'enquête a établi que Marie-Jeanne Hildéral se serait mise à califourchon pour porter des coups de couteau d'une rare violence à Pierre Antilly.
À la barre, Marie-Jeanne Hildéral devient confuse et incohérente : « Je n'avais pas l'intention de tuer... Je ne savais pas qu'il était mort » .
Elle n'arrive pas non plus à expliquer pourquoi elle a envoyé un courrier à l'épouse de Pierre Antilly après son geste.
Dans cette lettre, elle décrit la victime dans des termes peu élogieux et surtout donne les noms et coordonnées des autres conquêtes de Pierre Antilly.
« Ce n'était pas pour lui faire du mal. J'étais persuadée que j'allais mourir » .
« Pourquoi vous n'avez pas fait ce choix-là ? » , rétorque la présidente de la cour.
« Il y a des choses que je n'arrive pas à expliquer » lâche l'accusée.
Les magistrats et les avocats de la partie civile vont alors chercher à comprendre pourquoi Marie-Jeanne Hildéral n'a pas tenté de porter secours à Pierre Antilly alors qu'elle affirme qu'elle ne voulait pas le tuer.
Des interrogations qui vont rester sans réponse.
Aujourd'hui, les débats se poursuivent notamment avec les auditions des experts psychiatres et psychologues...
Il sera encore question de la personnalité de Marie-Jeanne Hildéral.

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