Maurice Antiste : « L'autonomie à fond et jusqu'au bout! »
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Maurice Antiste : « L'autonomie à fond et jusqu'au bout! »

Gabriel Gallion

Le maire du François, sénateur et président du Mouvement populaire franciscain, compte être actif en décembre 2015, lors de la campagne pour les élections à la Collectivité unique. Les idées d'autonomie et de responsabilité guident la marche que son parti, le MPF, a entamée avec le Parti progressiste martiniquais, depuis 2010.

Comment arrivez-vous à gérer votre emploi de temps, entre la mairie du François et le Sénat ?
C'est vrai que cela devient lourd. Mais avec une bonne organisation, on arrive à bien gérer les obligations de deux mandats. Il faut aussi dire que le peuple a élu une équipe municipale, pas seulement un maire. Et c'est dans cet esprit d'équipe que les adjoints prennent leurs responsabilités.
Pour autant, l'opposition vous a reproché d'avoir tardé à réagir face aux problème des algues sargasses ?
Il y aura des sargasses l'année prochaine. J'attends de l'opposition qu'elle se mobilise plus intelligemment sur des choses plus intelligentes. Car, on ne peut pas être en permanence dans une opposition critique. Mais cela ne m'empêche pas de travailler et d'avancer. Oui, nous avons été touchés par les algues sargasses, comme bien des communes de la côte atlantique.
Vous n'êtes pas fatigué d'être maire, vous n'avez pas envie de passer la main ?
En vérité, la passion de la fonction est tellement intense que vous ne voyez pas passer le temps. Mais il est vrai que Dame Raison doit intervenir, à un moment, pour vous dire de passer la main. Il est vrai que j'y pense. Je ne le cache pas. Parce que cela fait plus de vingt ans que je suis maire et qu'il serait temps d'y penser.
À qui pensez-vous pour la suite ?
L'équipe est compétente. Mais il ne s'agit pas de laisser la ville à n'importe qui et dans n'importe quelles conditions. J'ai une idée d'un profil, mais pas d'une personne. Et puis je n'ai jamais dit que je m'en allais tout de suite. Mais j'y pense.
Sénateur, c'est une fonction qui vous plaît ? Avez-vous trouvé vos marques ?
L'apprentissage est fini. Et c'est vrai que la fonction est passionnante, d'autant que nous rencontrons des hommes et des femmes d'autres contrées, avec d'autres modes de pensée. Et mon travail, comme celui de mes collègues, est de dire en permanence que le texte n'est pas applicable chez nous, qu'il nous exclut ou nous inclut dans quelque chose qui ne correspond pas. Voilà mon boulot!
Votre mouvement, le MPF, participe à la majorité régionale avec le PPM et d'autres. Serez-vous au combat en 2015 pour votre pays ?
Sous réserve d'une confirmation par l'assemblée générale du Mouvement populaire franciscain, nous continuerons à nous battre avec le groupe « Ensemble pour une Martinique nouvelle » pour faire avancer la Martinique. Pour nous projeter dans l'avenir, dans un avenir très clair.
Qu'elle est la contribution à l'alliance que vous estimez non négociable ?
Ce sera toujours une question liée à l'avenir de la Martinique. Oui, à une autonomie claire et la plus poussée. Mais un combat pour l'homme dans un pays intégré et reconnu dans son espace géographique.
Ce sera la base du débat en 2015 ?
Cela ne me gêne pas...
La question de l'autonomie n'a-t-elle pas été réglée en 2010 ?
Oui, elle a été réglée sur le mode d'élection. Mais sur le fond, je dis l'autonomie à fond et jusqu'au bout.
C'est si il y avait une hésitation sur cette question que mon groupe prendrait du recul avec l'alliance. Pas d'avenir pour le pays en dehors de cet avenir.
Remettez-vous en cause le vote de janvier 2010 ?
Pas du tout. Mais cela peut évoluer. Rien n'est figé...
Est-ce une déclinaison de la « troisième voie » ?
Je vous rappelle que nous avons été élus sur la base de la « troisième voie » . Il s'agit d'avoir un maximum d'outils dans l'article 73, nous permettant d'aller sans encombres, et le plus facilement, vers les objectifs que j'ai définis auparavant. Reconnaître la Martinique dans le cadre caribéen... Rendez-vous compte que les dirigeants politiques de la Martinique ne connaissent pas les dirigeants de la Caraïbe.
Nous connaissent-ils ?
Ce serait nous, qui avec notre complexe de supériorité, qui leur fermons la porte. Or, nous avons intérêt à jouer d'humilité, à nous intégrer à la Caraïbe. Car si un embargo touche la région Caraïbe, nous serions les premiers à en souffrir.
Après 30 ans de carrière politique, n'êtes-vous pas fatigué ?
Lorsque l'on y croit, lorsque l'on est sincère, on n'est pas fatigué. La charge épuise : oui! Mais mon entendement n'est pas fatigué.
« Mes qualités m'ont imposé au moment du choix! »
Maurice Antiste a toujours cherché à jouer d'humilité. C'est donc sur ce registre qu'il se place lorsque l'on évoque avec lui les conditions de son élection au Sénat en 2011. S'agissait-il d'une transaction avec l'alliance régionale ou d'un marché ? Il répond aussitôt : « Ce sont mes qualités qui m'ont imposé au moment du choix! » Des qualités qui lui donnent aujourd'hui une aisance sénatoriale, et le rendent fier de son travail en matière budgétaire. « Je remarque que cette année, nous ne diminuerons pas le budget outre-mer, parce que nous avons travaillé en amont pour obtenir ce résultat. » Quant à la pêche, il avance avec fierté : « J'ai obtenu que la problématique de notre pêche soit prise en compte par l'Europe dans sa répartition des quotas et les pratiques pélagiques. » Pour autant, l'homme politique sait aussi qu'il a un défi à relever dès l'année prochaine : faire gagner l'alliance régionale dans sa commune. Ce qui n'a pas été le cas depuis 2010 ; Alfred Marie-Jeanne gagnant tous les scrutins au François. « Oui, je suis déterminé à faire gagner l'alliance! » promet-il. Sera-t-il candidat ? « Je serai de la bataille, sans être forcément sur la liste! » Ce qui ne peut cacher, qu'en réalité, il pense au cumul des mandats, pour ne pas avoir à passer la main, à la mairie, dès l'année prochaine : « C'est pour plus tard! » Mais si une nouvelle défaite de l'alliance s'affiche au François, en décembre 2015, il sait qu'il ne pourra pas reculer éternellement l'heure de la décision.

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