Outre-mer : rien ne change

Outre-mer : rien ne change

G.G.
Le Premier ministre devrait ne pas perdre de vue l'Outre-mer avec l'entourage de ses deux ministres et une secrétaire d'Etat originaires de nos régions. (Photo Archives/France-Antilles)
Le Premier ministre devrait ne pas perdre de vue l'Outre-mer avec l'entourage de ses deux ministres et une secrétaire d'Etat originaires de nos régions. (Photo Archives/France-Antilles)

Ministre des Outre-mer dans le précédent gouvernement, George Pau-Langevin, garde son portefeuille. Christiane Taubira donnée partante dans la soirée de lundi, reste finalement garde des Sceaux, ministre de la justice. De même, Annick Girardin, de Saint-Pierre et Miquelon, continuera à travailler pour la Francophonie auprès de Laurent Fabius.

L'essentiel pour tous les observateurs et acteurs économiques de nos régions, est de savoir comment ce nouveau gouvernement fixera le cap pour l'Outremer. En gardant le même ministre à la rue Oudinot, le changement (redouté ou souhaité) n'est pas inscrit dans sur la feuille de route du Valls-2. Ce qui ne suscite que peu d'inquiétude dans les milieux économiques, pour le moment. Mais chacun sait néanmoins qu'il faudra attendre de connaître la mouture du projet de finances pour 2015, pour savoir si les dispositions en place depuis l'arrivée de François Holllande au pouvoir sont maintenues. L'adaptation du pacte de compétivité reste un chantier ouvert, sur lequel les entrepreneurs et investisseurs sont attentifs, à la moindre déclaration émanant des couloirs de Matignon ou de l'Élysée. Mais c'est surtout le discours de politique générale annoncé hier soir par Manuel Valls - pour les semaines à venir (septembre ou octobre) - qui dira comment l'Outre-mer sera alors décliné, dans sa vision du développement du pays. Encore quelques semaines de patience, pour nos députés et sénateurs qui risquent de peser bien plus qu'autrefois dans la balance du vote de confiance, tant la majorité comptera chaque voix, chaque bulletin de l'Outre-mer, pour ne pas perdre la face, voire l'humiliation d'un vote négatif du Parlement. À la fin de la semaine, si la visite conjointe de George Pau-Langevin et de Ségolène Royal - annoncée avant le changement de gouvernement - est maintenue, nous devrions en savoir davantage sur les intentions de Manuel Valls.
LES RÉACTIONS
Serge Letchimy, député, président du conseil régional : « Surpris et inquiet! »
Je suis surpris par ce changement de gouvernement qui intervient 5 mois après la mise en place du précédent. Serait-ce la preuve d'une certaine fragilité ? Le débat est intense car, tenir une ligne politique qui n'est pas soutenue par une partie de sa majorité, et faire face aux critères économiques définis par L'Europe, ce n'est pas simple. Ce qui m'inquiète d'autant qu'en matière de développement économique de l'Outremer, sinon d'une politique de développement intégré, je ne vois pas d'évolution notable. Ce n'est pas aux régions de soutenir l'investissement de manière durable, alors que l'État se contente de dicter sans tenir compte des spécificités. C'est pour cela que je prône un changement de modèle économique ou les régions définiront leur propre schéma. Ces schémas selon pleinement intégrés à l'environnement régional et porteront une vision propre du développement de chacune des régions. Voilà une proposition, que comme soutien de la majorité gouvernementale, j'avance. Il faudra que ce gouvernement tienne un peu mieux compte des intérêts des régions d'outre-mer, et non pas chercher à leur imposer sa vision préalablement définie.
Georges Erichot, secrétaire général du PCM : « Je suis inquiet pour la suite! »
Je suis inquiet pour la suite tant ce gouvernement me parait avoir une majorité fragile, très fragile. Il entend continuer sa politique, une politique antisociale, qui est à l'encontre des intérêts des classes laborieuses. Comment ne pas entendre les revendications sur la hausse des salaires, le soutien de la croissance, tout cela pour relancer la machine. Je ne vois comment ce gouvernement pourra redresser la barre. C'est la continuité de la politique précédente, celle que nous n'avons cessé de dénoncer qui accompagnera la ligne directrice de ce gouvernement. Je suis extrêmement inquiet pour notre avenir.
Philippe Jock, président du Medef Martinique : « Un bon signe! »
Je constate qu'Emmanuel Macron qui a été nommé ministre de l'économie, est à l'origine du pacte de compétitivité et de l'emploi. C'est une bonne chose qu'il soit au gouvernement. Cependant l'arrivée de deux nouveaux ministres, l'un au tourisme et l'autre au commerce, implique que nous devrons recommencer le travail entamé avec leurs prédécesseurs. Ce qui implique de replaider les adaptations nécessaires à notre économie. Mais de manière globale, ce nouveau gouvernement me paraît être en adéquation avec la clarté et la cohérence nécessaire pour redresser l'économie. Il y a des efforts à faire et nous ne pourrons pas nous y soustraire. C'est le prix à payer pour relance la machine.
Paul Raoult, président de la FCPE, Laurent Escure, secrétaire général de l'UNSA Éducation : « De la cohérence : le mandat pour ce nouveau gouvernement »
Un 3e ministre de l'Éducation nationale alors que la première qualité pour diriger ce ministère reste la constance. L'espoir levé par les grandes ambitions de la refondation ne cesse d'être malmené. La nouvelle ministre de l'Éducation devra donc donner d'importantes garanties : sur les moyens avec le maintien de la création des 60 000 postes prévus, mais aussi sur le plan pédagogique. Il est urgent que certains dossiers soient traités et achevés, comme l'acte II de la vie lycéenne, les rythmes scolaires et le calendrier annuel...
À mi-mandat, la poursuite d'une priorité présidentielle à l'Éducation n'aura de réalité qu'avec de la cohérence et de la constance. Tel doit être le mandat pour ce nouveau gouvernement.
Louis-Goerges Tin, président du Cran : « Quelle politique contre le racisme ? »
La parité et la diversité conservent exactement l'étiage qu'elles avaient dans le gouvernement Ayrault, et dans le gouvernement Valls I. C'est un motif de satisfaction pour le CRAN. Reste à savoir quelle politique sera menée contre le racisme, or force est de constater qu'il n'y a toujours aucun ministère consacré à ce sujet dans le gouvernement, alors qu'il y a des ministères ou des secrétariats d'État pour les femmes, la jeunesse, la vieillesse, le handicap. Il y a donc peu de chances que la lutte contre le racisme soit vraiment une priorité de ce gouvernement.
Fred-Michel Tirault, secrétaire départemental de l'UMP : « Quelle partition sera jouée ? »
Ce gouvernement ne paraît pas très différent du précédent. Aussi, je préfère attendre de voir qu'elle sera la politique qu'il mènera dans les semaines à venir, et encore plus celle qui à destination de l'Outre-mer. Des nouvelles têtes, oui! Mais qu'elle sera alors la partition que cet ensemble nous jouera ? Attendons de voir, surtout avec une majorité qui se resserre de plus en plus.
Frédéric Beret, première secrétaire de la FSM : « Solidarité, cohérence, clarté! »
Je suis heureux de voir que le tandem de l'exécutif a pris les choses en main pour avoir plus de cohérence dans l'action gouvernementale. C'est la traduction de ce nouveau gouvernement. De la solidarité, de la clarté, de la cohérence et de l'ordre. Je suis heureux, car comme socialiste soutenant l'action de François Hollande et de son gouvernement, il fallait le faire. Mais cela ne doit pas être en dehors de ce que le peuple est en droit d'attendre. Il souffre.
Le gouvernement ainsi renouvelé devra tenir compte de ses attentes et des souffrances. Premier secrétaire de la FSM, je le dirai en fin de semaine à l'université du parti, à La Rochelle. Je soulignerai aussi que l'outre-mer doit faire l'objet d'une attention plus soutenue. Il est temps qu'une politique adaptée à ses spécificités soit mise en place. La solidarité, c'est aussi cela.
Pierre Pastel, président du Cegom (Collectif des États généraux de l'Outre-mer - Fédération des Français d'Outre-mer) : « Attention sur la situation singulière des Français d'Outre-mer! »
Au nom du Cégom, je salue la reconduction de George Pau-Langevin comme ministre des outremer du nouveau gouvernement du Premier ministre Manuel Valls. Le 12 mai, nous avions présenté notre dernier audit annuel des Français d'Outre-mer à Mme Pau-Langevin. Cet audit - intitulé « Nous avons attendu : à quand le changement ? » - souligne la principale préoccupation actuelle des Français et françaises d'Outre-mer : non plus, comme l'année précédente, la baisse de leur pouvoir d'achat mais bien, désormais, leur « paupérisation et ses suites en matière de santé ou de violences » . Le président du Cégom ne pouvait que reconnaître alors : « le haut sens de l'écoute de la ministre des outremers. » Aujourd'hui « Alors que notre pays traverse une crise économique dont il peine à sortir, je souhaite que Mme Pau-Langevin puisse obtenir du gouvernement qu'il porte son attention sur la situation singulière des Français et Françaises d'Outre-mers, entrés dans cette crise de façon plus précoce et vive.
Fédération Total respect (Tjenbé red) : « Lutter contre les discriminations des gens de couleurs et LGBT »
La Fédération Total Respect (Tjenbé Rèd) - qui lutte contre les discriminations frappant les personnes de couleur, les personnes LGBT (lesbiennes, gaies, bi & trans) ou les PVVIH (personnes vivant avec le virus de l'immunodéficience humaine) - salue la reconduction de George Pau-Langevin & Christiane Taubira comme ministres des Outre-mers et respectivement de la justice. La Fédération, qui a présenté son livre blanc - intitulé « Les personnes LGBT de couleur existent : les politiques publiques doivent (enfin) en tenir compte » - à Mme Pau-Langevin, souhaite que cette dernière puisse désormais obtenir du gouvernement qu'il agisse contre les discriminations spécifiques dont ces personnes, placées en situation d'intersectionnalité, sont victimes.
Le 15 octobre 2012, Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre des droits des femmes en charge d'une mission contre les violences & les discriminations commises à raison de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre, s'était engagée au nom du gouvernement à prendre en compte ces discriminations : cet engagement n'a pas été honoré. Il doit l'être.
Guillaume Cairou, Club des entrepreneurs : « Emmanuel Macron, un signal positif! »
Nous serons vigilants à ce que celui qui est à l'origine du Pacte de Responsabilité veille à sa mise en place et à sa concrétisation dans les plus brefs délais afin d'apporter à nos entreprises le souffle dont elles manquent cruellement. Nous attendons aujourd'hui de ce nouveau ministre qu'il fasse preuve d'esprit d'initiative et de courage pour relever les défis que l'économie doit relever et les enjeux que nos entreprises doivent surmonter.
Il nous apparaît intéressant qu'un homme de la qualité et du talent d'Emmanuel Macron peut veiller à la pertinence et à l'efficacité des réformes structurelles dont notre modèle économique a besoin afin de lever les obstacles à notre compétitivité. La période économique particulièrement tendue que nous traversons rend précieuse l'expérience dans le privé et l'esprit d'entreprise que nous lui connaissons. Cette nomination est un signal positif pour le monde des entrepreneurs.

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