Raymond Théodose, maire de Rivière-Pilote : « Lise et Marie-Jeanne doivent comprendre que la roue tourne! »

Raymond Théodose, maire de Rivière-Pilote : « Lise et Marie-Jeanne doivent comprendre que la roue tourne! »

Gabriel GALLION
« Je ne suis plus du MIM, et je dis que c'est dommage » .
« Je ne suis plus du MIM, et je dis que c'est dommage » .

Élu en mars dernier maire de Rivière-Pilote, Raymond Théodose qui affirme être toujours « patriote » n'oublie pas la tonalité des attaques du MIM pendant la campagne électorale. Partisan du renouvellement des générations, il milite pour que Jean-Philippe Nilor et Bruno-Nestor Azerot portent le flambeau d'une alternative à Claude Lise et Alfred Marie-Jeanne.

Vous êtes maire de Rivière-Pilote depuis 8 mois. Regrettez-vous d'avoir été candidat ?
Je ne regrette rien. J'ai été élu par la volonté populaire. Donc c'était le bon choix.
Vous étiez donc déterminé à gagner l'élection ?
Absolument. Et encore plus, que selon les dires de ma Grand-Mère, je voulais l'être dès l'âge de 6 ans. Si c'était un essai, c'est un essai réussi.
Auriez-vous pu être candidat plus tôt, par exemple lors des précédentes élections ?
Non. C'était le bon moment. Il y avait une parole entre deux hommes. J'ai pris mes dispositions en conséquence, et je suis allé jusqu'au bout.
Pourtant, vous étiez membre de l'équipe municipale sortante. Est-ce une dissidence volontaire à la majorité sortante que vous avez recherchée ?
Ce n'est pas moi qui ai décidé. Nous avons parlé et le maire, Lucien Veilleur, me disait de me présenter comme candidat. Je me suis préparé pour cela. Tout le monde était informé. Revenir en arrière aurait été difficile. Et je dirai que la parole de l'homme vaut l'homme.
Et selon vous qu'est ce qui justifierait son changement de cap ?
Lui-même m'a dit : « yo fé pwesion anlé mwen! » Qui ? Je ne sais pas.
Vous voulez nous faire croire que vous ne savez pas ?
(Ironique) Je ne sais pas... « Yo fé pwesion anlé mwen » Peut-être est-ce le peuple...
« Le peuple » a donc changé d'opinion ?
Peut-être... À vrai dire, c'est au moment de la campagne, que j'ai vu que le président du MIM, Alfred Marie-Jeanne, s'est mis personnellement en campagne contre moi.
Auriez-vous préféré avoir l'investiture du MIM ?
Cela aurait été tellement bien avec l'investiture du MIM. Rivière-Pilote aurait été pacifié. Mais beaucoup trop de mensonges et de médisances ont été distillés. Et il est dommage qu'Alfred Marie-Jeanne ait écouté ces mensonges.
Mais qu'est ce qui vous différencie aujourd'hui du MIM ?
Il n'y en a pas beaucoup. J'avais envie de conscientiser un peu plus le peuple. Qu'il n'ait plus peur. Mais le fait de dire que si tu n'es pas d'accord avec moi c'est que tu es contre moi ; ce n'est pas ma conception des choses, encore moins du patriotisme. J'ai plutôt une approche pédagogique des choses. Préparer la population à ne pas avoir peur. C'est cela ma fibre patriotique.
Et cette fibre, peut-elle aller jusqu'à soutenir la liste des patriotes en 2015 ?
Je vous ai dit qu'il y a des blessures extrêmement profondes. Et à titre personnel, je dis qu'il faut un renouvellement du paysage politique martiniquais. Je travaille avec Jean-Philippe Nilor, le député du sud, et je le vois bien conduire la liste des patriotes.
Vous souhaitez donc que Jean-Philippe Nilor se sépare d'Alfred Marie-Jeanne ?
Je vous dirai que messieurs Claude Lise et Alfred Marie-Jeanne ont beaucoup, beaucoup fait pour la Martinique. Et il y a un proverbe qui dit : « on ne peut pas avoir été, et être! » Ils ont fait, beaucoup fait. Et nous n'aurons aucun complexe à leur demander conseil, s'ils comprennent que la roue tourne. Il faut qu'ils prennent conscience qu'une nouvelle génération arrive. Je suis nouveau, mais j'ai 58 ans. Nilor a une cinquantaine d'années. Il y a des jeunes qui arrivent et un jour, je céderai la place. C'est cette continuité qu'ils doivent accompagner.
Mais Jean-Philippe Nilor a affirmé être solidaire d'Alfred Marie-Jeanne. Que ferez-vous ?
Si nécessaire, je prends du recul et je regarderai. Mais je n'irai pas n'importe où.
Il y a actuellement trois grandes tendances politiques. Voulez-vous une quatrième tendance ?
Une tendance qui a la préoccupation de l'avenir de la jeunesse, du pays, du bien-être de la population. Une tendance de gauche. Pourquoi pas patriote de gauche ? Je n'ai aucun problème à être patriote de gauche et travailler avec des gens de gauche.
Alfred Marie-Jeanne est-il toujours votre mentor politique ?
J'ai beaucoup de respect pour lui. Je l'ai toujours respecté. Lucien Veilleur aussi. Je pense que nous devrons parler entre hommes pour expurger les mensonges.
Vous respectez l'homme. Mais le leader politique ?
Je ne suis plus du MIM, et je dis que c'est dommage.
Patriote de gauche
« Je ne suis pas devenu patriote, je suis né patriote! » s'exclamait Raymond Théodose, dans nos colonnes en septembre de l'année dernière.
Maire de la commune jusqu'ici emblématique du MIM, il entend ne pas être un élu anti-patriote. « Je suis toujours patriote! mais il y a des blessures profondes! » Un aveu qui laisse supposer la dureté de la campagne passée, voire la violence des propos. L'homme est blessé.
Aujourd'hui élu, il connaît la valeur de son mandat. Que fera-t-il en 2015 ? S'il prêche pour le rajeunissement du personnel politique, il affirme aussitôt : « Je peux travailler avec tout le monde, sans exception. » Et ce n'est pas la visite récente de Serge Letchimy dans la commune qui plaidera pour le contraire.
Pour autant, il entend garder sa fibre de patriote « Patriote de gauche! » , tout en affichant un sens pédagogique : « pour que le peuple n'ait plus peur! » Plus peur de croire en la solidarité, moins de crainte pour l'avenir, sans pour autant faire de l'indépendance un objectif absolu dans l'immédiat. Maire d'une commune réputée rebelle, il veut en faire une place forte de la solidarité, de l'entraide, et du respect de chacun. « Je suis plutôt pour le consensus. » Et c'est au nom de cette idée du consensus qu'il pense pouvoir apaiser ses relations avec Alfred Marie-Jeanne. Un homme qu'il respecte. Mais un leader politique qu'il juge plus utile comme « sage » pour la nouvelle génération, que comme tête de liste pour gagner la Collectivité unique.
Raymond Théodose est avant tout un homme de conviction.

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