« Ils sont victimes d'une chasse à l'étranger »
IMMIGRATION

« Ils sont victimes d'une chasse à l'étranger »

C.T.
En conférence de presse, l'Assoka a condamné le harcèlement à l'encontre des personnes d'origine haïtienne et Sainte-Lucienne. (J-M.E./France-Antilles)
En conférence de presse, l'Assoka a condamné le harcèlement à l'encontre des personnes d'origine haïtienne et Sainte-Lucienne. (J-M.E./France-Antilles)

L'Asosiyasion Solidarité Karayib dénonce la promptitude des autorités à vouloir expulser les membres de la communauté haïtienne. Ces opérations seraient faites dans la plus grande illégalité.

L'Asosiyasion Solidarité Karayib (Assoka), un collectif de défense des immigrés caribéens en Martinique, a dénoncé un fait « inadmissible » constaté depuis des semaines ; l'existence de « contrôles massifs » opérés par les autorités contre la population immigrée en Martinique. Son président Emmanuel Péria, ses membres, notamment Me Camille Célénice, George Arnaud, figure du féminisme à la Martinique, assimilent ces « exactions » à une « chasse à l'étranger » menée depuis la « politique du chiffre » sous l'ère Sarkozy. Beaucoup d'Haïtiens se voient refuser la régularisation bien qu'ayant vocation à rester en Martinique et de fait ils sont abandonnés dans la précarité et la pauvreté puisque dans l'impossibilité de travailler. Des parents d'enfants français ou conjoint de Français ont toutes les peines du monde à obtenir le titre de séjour auquel ils ont droit. L'association a dressé une litanie de cas qui posent problème. Celui d'un couple marié. Malgré plus de trois ans de vie commune, le mari, de nationalité haïtienne, ne peut obtenir un visa. D'après l'Assoka, dès lors qu'un Martiniquais ou une Martiniquaise est en couple avec un ressortissant ou une ressortissante haïtienne, il fait l'objet d'une suspicion mal placée.
« DES FRAUDEURS POTENTIELS... »
L'exemple aussi de Céline Valmyr, pour qui l'engagement formel de régulariser sa situation n'a pas eu de suite, retient l'attention de l'association. Elle note simplement que c'est grâce à l'insistance de son avocat, Me Célénice, auprès de l'Ambassade de France qu'elle a pu rentrer en Martinique. Il y a enfin la situation d'Augustin Louime, non expulsable, qui n'a pas été régularisée. Conséquence, il ne peut exercer une activité professionnelle. Pour l'Assoka, les demandeurs d'asile sont perçus comme de potentiels fraudeurs. On parle de « véritables opérations illégales » envers la communauté haïtienne à cause du « fantasme d'une invasion criminelle » alimenté par les institutions elles-mêmes et d'un certain mépris à son égard.
C'est ce que pense également Joseph Elio, un membre haïtien de l'association. Les faits sont d'autant plus inexplicables que la Martinique, souvent affublée du qualificatif de terre d'accueil, de pays de revenants et revenantes, est loin d'avoir atteint un taux d'immigration critique.

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