Allison Pineau : « La pression doit être une énergie pas un poids »

Allison Pineau : « La pression doit être une énergie pas un poids »

Propos recueillis par Alfred Jocksan

Allison Pineau, c'est 12 ans en bleu et une longue carrière au service de l'équipe de France et du handball féminin. À quelques semaines du coup d'envoi de l'Euro 2018, qu'elle disputera à la maison avec ses coéquipières championnes du monde l'an dernier, l'Antillaise de Chartres, à l'orée de ses 30 ans, évoque sa vision sur la compétition et le match d'ouverture face à la Russie à Nancy. Rencontre avec une femme au grand coeur, une trentenaire passionnée, une championne accomplie.

Comment vous sentez-vous dans la maison bleue ?
Personnellement, ça fait des années que je suis ici. Je me sens comme à la maison. Les habitudes n'ont pas énormément changé. C'est plutôt le groupe qui évolue, qui est en perpétuel mouvement et qui amène à changer en permanence. Moi, je suis plus proche de la fin que du début. Aujourd'hui, il y a des jeunes qui arrivent derrière et qui poussent à la porte. Je suis là et je profite à chaque instant de ces moments et de ce privilège d'être encore présente, malgré mes douze années d'expérience.
Comment se passe la cohabitation entre les générations ?
(Rires) Je pense toujours rester à la page. Il faut être ouvert, aller vers les autres. Il faut apprendre à se connaître tout en restant soi-même. Forcément, il y a le décalage entre les différentes discussions qu'on peut avoir à un moment donné. On est à un moment plus avancé dans notre vie, dans notre carrière et dans notre connaissance de la vie. Ce qui fait qu'il peut y avoir une gaffe, mais au-delà de ça, c'est un groupe qui est très généreux dans l'envie et dans le partage. C est la force de ce groupe. Au tant la jeunesse, on sait s'en nourrir, prendre cette énergie, nous les plus expérimentées, a contrario la jeunesse sait aussi s'appuyer sur nous pour aller chercher cette expérience et découvrir des choses différentes de ses habitudes.
Dans cette sélection, vous jouez aussi le rôle de grande soeur face à cette nouvelle génération de joueuses ultramarines. Parlez-nous en un peu ?
(Rires)... Ah, ce fameux rôle de grande soeur. Pendant un moment, on était un peu en perdition. Avec l'Euro il y a eu un retour en force. C'est plaisant. Ça travaille beaucoup chez les ultramarins et c'est hyper important. Ça fait partie de notre patrimoine. On échange un peu à ce niveau, sans aller au-delà Ce n'est pas une seule personne, c'est vraiment un groupe.
Vous êtes arrivée en 2007, au moment où la France organisait le championnat du monde (5e). Puis un grand vide. Dans quelques jours débutera le championnat d'Europe, comment appréhendez-vous cet événement ?
C'est un privilège. Nous, les anciennes qui sommes présentes depuis un certain nombre d'années, allons avoir cette chance pour la plupart d'entre nous de vivre un deuxième événement à domicile dans notre carrière. C'est vraiment une chance. Car, il y en a qui font quinze ans, voir vingt ans, sans avoir cette chance d'en vivre un. Et nous, on a cette opportunité de vivre un deuxième. Donc, c'est génial.
Comment voyez-vous cette compétition ?
Nous sommes sur une année exceptionnelle avec l'Euro à la maison. Pourtant, il est compliqué d'en parler à quelques semaines du coup d'envoi et de ce fameux match d'ouverture. Je sais pertinemment que ce sera une belle fête. Les gens oeuvrent beaucoup en coulisses pour que ce soit un bel événement et populaire. J'ai envie de dire que ça va être une très belle fête. Notre sport a beaucoup grandi. Au vu des résultats récents et la dynamique qu'on a actuellement. Il n'y a pas de raison.
Comment vous préparez-vous ?
Pour moi, c'est une préparation habituelle avec quelques petits changements. Mais, je pense qu'on est dans nos habitudes où on cherche à dessiner les contours de notre succès. Mais rien de différent. Nous avons eu une préparation cet été, suivie de la semaine de fin septembre et puis cette semaine de rassemblement à Créteil. Il ne nous reste que quelques jours en novembre pour gérer, peaufiner tout ce qu'on peut voir avant le début de la compétition à Nancy.
Vous affrontez d'abord la Russie, championne olympique, est-ce un obstacle insurmontable ?
Ça va être un match compliqué, difficile. Jouer contre les Russes n'est jamais simple. Il faut savoir que c'est le match d ouverture et nous n avons pas droit à l'erreur. Il ne va pas être capital, mais presque. Il est sûr que si on s'incline on sera dans une mauvaise posture. Je dirai. Mais, ce ne serai pas définitif. Derrière on aura utilisé un joker qu'on aurait sans doute aimé utiliser à un autre moment, s'il y a lieu d'en utiliser un.
La pression est-elle présente devant un tel événement ?
La pression est là et ça fait partie du jeu. Ça fait partie de notre quotidien. En plus du fait qu'on évolue à la maison, on va être regardé partout. On va être scruté. Les gens vont pousser. Il va y avoir la volonté qu'on réussisse. Maintenant, il faut s'appuyer dessus de manière positive. Qu'elle soit une énergie en plus et pas un poids.
Y a-t-il des équipes qui vous fascinent et que vous ne souhaitiez pas rencontrer avant la phase finale ?
Non, je ne crois pas. Quand on veut gagner à la maison, de toute manière, a un moment donné on finit toujours par rencontrer un adversaire qu'on n'a pas forcément envie de jouer au départ. Non, il n'y a pas d'adversaire en particulier. Si on veut gagner ce titre, il faudra battre tout le monde, peu importe le moment.
Il y a des équipes de l'Est et du Nord qui, aujourd'hui, pratiquent un haut niveau de jeu en Europe. Comment les affronter ?
C'est juste le rapport de force qui est différent, leur style de jeu, leur mentalité différente. Aujourd'hui, il ya plusieurs équipes qui peuvent prétendre aux médailles et au titre. Il est très difficile aujourd'hui de savoir qui sera championne d'Europe en décembre prochain en France.
Suivre l'exemple des garçons sacrés champion du monde à Paris ça vous hante ?
Il est évident que nous avons envie de réitérer la même chose. C'est clair et net. On a envie de vivre cette communion qu'ils ont eue avec le public, les fans. Pour moi s'était super beau à voir. On a envie de vivre ces émotions et de communier vraiment avec notre public.
Pendant les vacances vous avez joué la Norvège à la Martinique. Quels souvenirs en gardez-vous ?
Merveilleux. Un public chaleureux. Des gens qui étaient heureux de nous voir après notre titre de championne du monde en 2017. Ils n'ont pas la chance de nous voir tous les ans, mis à part le petit écran. Il y a eu beaucoup d'énergie, beaucoup d'amour et de soutien.
Pour vous la compétition ne sera une réussite que si vous êtes championne d'Europe au mois de décembre prochain à Paris ?
Oui, bien sûr mais cet Euro va beaucoup apporter au hand tricolore.

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